"Le dernier Empire - 20 ans après" de Sergey Maximishin

, par  Mick Miel , popularité : 11%

Venu à la photographie "sous la pression" de l’Armée Rouge qui lui confie une mission photographique pendant son service militaire, Sergey Maximishin et ses clichés expriment une dureté inextricable doublée d’un réalisme sans faille. Il dit lui-même que la Russie est un des pays les moins photographiés au monde. Cela s’explique par les distances énormes et une mauvaise accessibilité à la plupart des régions. C’est un pays sans plafond ni plancher. Le génie et la bêtise, la pauvreté et la richesse, la bassesse et la noblesse, le bien et le mal ne sont pas limités dans leurs manifestations. Sergey nous ouvre les yeux sur l’envers du quotidien russe et nous fait éprouver de la sympathie pour une nation pleine de curiosités.

Interview

Sergey Maximishin avait l’intention d’être mécanicien lorsqu’il était plus jeune. Mais il était souvent malade et ne pouvait pas vraiment suivre de formation. Depuis toujours intéressé par la photographie, Sergey nous livre avec humour qu’il s’est donc dirigé dans un groupe de photographes féminins. Leurs classes se passaient bien jusqu’à ce que leur professeur aille en prison pour vente illégale.

Il fut ensuite envoyé à Cuba avec une unité de l’armée en tant que photographe. De retour de Cuba, il est entré dans une école de photojournalisme à Saint Pétersbourg de laquelle il est sorti en 1998, en étant désormais " accro " à la photographie. En 1999, il intègre le magazine Isvestia. Il a ensuite beaucoup travaillait pour Geo.

Maximishin pense que la photographie informative n’a plus vraiment sa place aujourd’hui. Auparavant, les gens ne se tenaient au courant de l’actualité seulement par les magazines et journaux. Désormais, la télévision donne de l’information très bien et très vite. Il pense donc que la photographie n’a de sens que lorsqu’elle fait passer un message ou une émotion et que lorsqu’elle est dépourvue de commentaire.

Ce qui l’intéresse le plus dans son travail est de montrer comment vivent les gens et de surtout s’intéresser à ce qu’ils font pour qu’un lien se créé et que la photo soit réussie. Maximishin ne tient pas à être un étranger face à son sujet lorsqu’il lphotographie.

" Quoiqu’ils en disent, les gens aiment quand on s’intéresse à eux. " Il est important pour lui de bien expliquer son travail auprès des gens qu’il prend en photo pour qu’il n’y ait pas une relation de malentendu ou de distance. " Si les gens ne comprennent pas ce que je fais, le problème vient de moi, je leur aurais mal expliqué. "
Maximishin pense cependant que toute photo n’est pas bonne à prendre ; comme le jour où il est entré dans un monastère très écarté dans le nord de la Bulgarie où des soldats s’étaient cachés pour échapper à la guerre. Ce genre de reportage aurait très bien marché auprès de la presse mais il aurait mis en danger ces soldats.

Dans son exposition au couvent des minimes sur la Russie, Maximishin nous fait découvrir la période post Perestroïka qui reste assez difficile : maladie et pauvreté. Ses photographies témoignent aussi de la sympathie et compassion du photographe pour ces gens. Ses images sont douces, ses personnages quelque fois anonymes. Certains peuvent voir dans les images de Maximishin des dénonciations, des traits d’ironie, de satire parfois mais le photographe se refuse à commenter ses photos. " Si vous vous voyez quelque chose de particulier dans mes photos, un sens caché ou quoique ce soit, c’est tant mieux pour vous ; moi, j’ai juste pris des photos. "

Ce refus d’intellectualisation quand à son travail reflète bien le caractère artistique et simple de Maximishin. Il demeure un spectateur qui donne son regard sur ce qui lui tient à cœur, tout simplement.

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